Depuis le 1er janvier, et pour 6 mois, la présidence du Conseil européen est assurée par la République Tchèque.
Cette présidence est bien mal engagée.
Tout d’abord les dirigeants de la République Tchèque ne font pas mystère de leur euroscepticisme. Le président Vaclav Klaus fait tout pour torpiller le traité de Lisbonne, soutenant ouvertement le NON des irlandais. Il refuse tout ce qui, selon lui menace l’ « identité Tchèque ». Il a annoncé qu’il ne hisserait pas le drapeau européen sur sa résidence pendant sa présidence au motif, que la République Tchèque, je cite « n’est pas une province d’ Union européenne ». Le premier ministre, Mirek Topolanek, est lui plus pragmatique, mais néanmoins eurosceptique et antifédéraliste. Ils sont, de plus en conflit l’un avec l’autre.
La république Tchèque a annoncé son programme :
· Une Europe compétitive : renforcement du marché intérieur, sécurité énergétique, libéralisation du marché du gaz et de l’électricité.
· Une Europe ouverte et sûre : partenariat transatlantique, négociation d’adhésion de la Croatie et de la Turquie, développement de l’espace de sécurité et de justice.
Au-delà de ce programme très libéral, la présidence aura à traiter des dossiers pour lesquels elle est mal armée :
· Crise économique et financière, alors que la République Tchèque ne fait pas partie de l’Euro.
· Crise institutionnelle : elle devra préparer l’Irlande à voter à nouveau sur le traité de Lisbonne alors qu’elle est le seul pays de l’Union à ne pas s’être prononcé sur le traité. La ratification par le parlement tchèque a été reportée au 3 février et le président Klaus menace de ne pas le signer.
· Relations avec la Russie : que se passera-t-il si les tentions ressurgissent alors que la République Tchèque défend la mise en place sur son territoire d’éléments du bouclier anti-missile américain ?
· Partenariat oriental : la république Tchèque aura à mettre en œuvre ce partenariat entre l’Europe et les pays limitrophes de la Russie : Ukraine, Moldavie, Géorgie, Azerbaïdjan, Biélorussie. Cette nouvelle politique de voisinage doit être acceptée de la Russie, à ces frontières.
En principe la pratique d’un « trio de présidences » doit assurer la cohérence entre les présidences successives de l’Union. Trois présidences (actuellement la France, la République Tchèque, la Suède) présentent ensemble un programme d’action de 18 mois. Mais la République Tchèque à mal vécu la présidence française avec sa tendance à négliger les petits pays de l’Union. Elle se rappelle aussi la tentative de Nicolas Sarkosy d’obtenir d’être président un an de plus la zone Euro, au motif que ni la République Tchèque, ni la Suède n’en font partie. On peut aussi considérer que le « partenariat oriental » défendu par Prague est une volonté d’équilibrer l’Union pour la Méditerranée voulue par Nicolas Sarkosy. On ne peut donc pas s’attendre à une collaboration étroite entre la France et la République Tchèque pour assurer une transition efficace.
La présidence française a montré que seule une présidence de l’Union active et forte peut maintenir l’unité de l’Europe face aux difficultés. Une présidence ouvertement eurosceptique, divisée, inquiète. D’autant plus qu’elle sera suivie, au 2e semestre 2009, par la Suède elle aussi eurosceptique.
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