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Le 4 avril, la France a annoncé sa réintégration dans l’ensemble des structures de l’OTAN. Cette décision n’est pas un changement radical. Elle a par contre une valeur symbolique forte. Il s’agit en effet de revenir sur une décision prise par le Général de Gaulle en 1966 pour protester contre une organisation jugée trop inféodée aux Etats-Unis. Ce choix, par ailleurs n’est pas sans conséquences sur la politique européenne de défense.
La France est un des membres fondateurs de l’OTAN (Organisation du Traité de l’Atlantique Nord) en 1949. C’est son quatrième contributeur en terme budgétaire et humain. Elle est solidaire des autres membres, tenue de porter secours si l’un d’eux est attaqué. Elle participe à toutes les missions de l’OTAN y compris en Afghanistan. Elle fait partie de 38 conseils de l’OTAN sur 40. Le changement consistera à participer désormais au Comité des Plans de défense, à envoyer quelques centaines d’officiers supplémentaires dans les structures de l’OTAN, et prendre en charge quelques postes de responsabilité. Elle ne participera pas au Groupe des plans nucléaires.
Cet engagement ne contraindra pas la France à plus de dépendance puisque les décisions à l’OTAN sont prises à l’unanimité et que les engagements de moyens militaires nationaux ne peuvent être que volontaires.
Il s’agit donc de renoncer à une position particulière dans l’OTAN. Pour les opposants à cette décision elle fait perdre à la France une singularité et une marge de manœuvre diplomatique. Pour ces défenseurs, elle met fin à une forme d’hypocrisie en clarifiant la position de la France. C’est aussi reconnaître la faiblesse des moyens militaires nationaux, incapables de se passer de l’appui logistique de l’OTAN
Quelles en sont les conséquences pour l’Europe de la défense ?
Nicolas Sarkozy avait fait de l’Europe de la défense, une des priorités de la présidence française de l’Union au 2e semestre 2008. Il avait lié cette priorité au retour dans l’OTAN en affirmant au printemps 2008 que la relance de l’Europe de la défense était une condition du retour dans le commandement militaire de l’OTAN.
Un an après, force est de constater que l’Europe de la défense n’a guère progressé. Deux projets incarneraient une véritable autonomie de la défense européenne : un quartier général chargé de la conduite et de la planification des opérations européennes, et une agence européenne de défense. Ces deux projets restent embryonnaires, bloqués, notamment par les Britanniques hostiles à tout ce qui peut apparaître comme une duplication des moyen ou une structure entrant en concurrence avec celles de l’OTAN.
La question des missions de l’OTAN n’a pas été éclaircie. Celle de la répartition des rôles entre OTAN et Union européenne non plus, alors que les crise yougoslaves, plus récemment géorgienne ont montré que l’Europe se doit de prendre en charge elle-même des conflits dans son voisinage.
Tout au plus, peut-on considérer que la France ne peut plus être suspectée, lorsqu’elle plaide pour une Europe de la Défense, de vouloir porter atteinte à l’OTAN. Cela ne suffira pas à lever les réticences des Européens à mettre les moyens nécessaires à leur défense et à s’unir pour leur sécurité. Certains pensent même que le retour de la France dans les structures intégrées de l’OTAN sera interprété comme un renoncement et ne fera que nuire à la cause d’une défense européenne autonome.
Le retour dans l’OTAN de la France, en escomptant une avancée de l’Europe de la Défense, est un pari hasardeux.