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Les sondages se suivent et annoncent une abstention record aux élections européennes. Selon le dernier eurobaromètre, effectué dans les 27 pays de l’Union, elle pourrait atteindre 66%. C’est un record absolu. En 30 ans il n’a cessé de progresser de 37% à 54% en 2004. La France est dans la moyenne avec 55% d’abstention prévue.
La raison de ce désintérêt est d’abord l’ignorance : ignorance du rôle des députés (64 % des cas), ignorance des affaires européennes (59%). 53% seulement des Européens savent que les eurodéputés sont élus au suffrage universel direct. La France, 39%, décroche le trophée de l’ignorance.
La responsabilité des médias est évidente : seuls 36% des citoyens ont lu, entendu, ou vu un sujet consacré au Parlement européen.
La crise économique et le chômage jouent aussi leur rôle dans la désaffection du public. Les thèmes à privilégier dans la prochaine campagne sont les sujets économiques : croissance, chômage, pouvoir d’achat. 55% des citoyens jugent que le Parlement européen ne s’occupe pas de la vie de tous les jours. Dans la crise, l’Europe ne fait pas partie des préoccupations quotidiennes des citoyens.
La confiance des Européens s’effondre : 45% des Européens seulement ont confiance dans le Parlement, 42 % ont confiance dans la Commission.
Pour autant les Européens ont-ils renoncé à tout espoir dans l’Europe ? Certains chiffres donnent une vision plus positive de l’avenir.
Lorsque l’on demande aux Européens quels seraient les éléments qui renforceraient leur sentiment d’appartenance, vient largement en tête (39%) l’harmonisation du système de protection sociale. Les éléments les plus importants pour constituer l’identité européenne sont l’Euro (40%) et les valeurs démocratiques (37%).
Les objectifs perçus de la construction européenne sont l’économie et la croissance, mais l’objectif souhaité est d’abord l’amélioration du niveau de vie, suivi de l’économie et de la préservation de la paix.
54% des citoyens pensent que la construction européenne doit se poursuivre. 42% pensent qu’elle a grandi trop vite.
Surtout 73 % des Européens pensent que l’Europe est indispensable pour répondre aux défis mondiaux, et 42% pensent qu’elle manque actuellement d’idées.
Les politiques que les eurodéputés doivent développer en priorité selon l’Eurobaromètre sont :
- Une politique de sécurité et de défense permettant à l’Union de faire face aux crises internationales.
- Une protection renforcée du consommateur et de la santé publique.
- Une lutte efficace contre le changement climatique.
La crise économique affecte la confiance dans l’Europe. Mais la mondialisation apparaît avec force dans les préoccupations avec le sentiment que l’Europe est le moyen d’y répondre.
Les défis sont là mais les citoyens ont le sentiment que l’Europe manque d’idées pour y répondre. Que proposer face à la crise économique et sociale ? la crise environnementale et énergétique ? les migrations ? les menaces sur la sécurité ? Pourtant les propositions ne manquent pas. Les cercles de réflexions, instituts de recherche et experts en tout genre, en font.
Aux politiques d’expliquer leur projet pour l’Europe s’ils veulent rendre confiance aux électeurs.