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Du 18 au 22 octobre s’est tenue à Vienne la conférence de révision de la Convention de Palerme sur le crime organisé. Cette Convention date de dix ans et a été signée par 157 pays.
Le chiffre d’affaire annuel des entreprises du crime avoisinerait 85 milliards d’euros, dont 75 milliards proviennent du trafic de drogue. Mais les trafics touchent aussi les êtres humains, notamment les migrants, les armes, véhicules volés, marchandises contrefaites, le commerce illégal de ressources naturelles. La corruption et le blanchiment en sont les corollaires.
La conférence a fait le constat de pressions croissantes du crime organisé sur les états et d’un risque de déstabilisation de la planète. C’est devenu une menace globale. Malheureusement les Etats rechignent à employer les moyens prévus par la convention : coopération judiciaire, confiscation des biens des mafieux.
Depuis les années 60 les Européens constatent l’augmentation des trafics de stupéfiants et d’êtres humains. Cette situation a été favorisée par l’accès à l’économie de marché et à la démocratie des anciens pays du bloc soviétique. L’Union a réagi en mettant en place l’Espace commun de sécurité et de justice et un programme d’action contre la criminalité organisée. En 1999 a été créé Europol, une agence européenne qui permet les échanges de données policières. En 2002 ont été créés Eurojust, qui est l’agence qui organise la coopération entre les justices des pays européens et le mandat d’arrêt européen. En 2005 une convention sur l’entraide judiciaire entre les Etats européens a été signée. Le traité de Lisbonne a permis les coopérations renforcées sur les échanges de données personnelles et les techniques d’enquêtes. Le mandat d’arrêt européen est en application.
La pression sur le crime organisé dans les cadres de la Convention de Palerme et de la politique européenne n’est pas sans effets. On constate la mutation des organisations criminelles en réseaux flexibles et changeants d’entreprises, petites et éphémères.
Les Balkans sont une des principales routes de trafic d’êtres humains et de drogues en provenance d’Asie vers l’Europe. La Roumanie et la Bulgarie font l’objet depuis leur adhésion en 2007 d’une surveillance de la part de la Commission européenne concernant leur appareil judiciaire, la lutte contre la corruption, la gestion des fonds européens. Ces deux pays sont fermement invités à réformer leur justice. Après avoir constaté la persistance d’assassinats liés à la criminalité organisée et la non-arrestation de criminels connus, le versement de fonds européens a été bloqué. La situation est meilleure en Roumanie qui est tout de même menacée de sanction. Les retards de la Roumanie et de la Bulgarie dans la mise en conformité de leur appareil judiciaire, avec les normes européennes et l’inefficacité de leurs luttes contre la corruption et le crime organisé empêchent ces deux pays d’entrer dans l’espace Schengen. C’est-à-dire qu’il y a toujours un contrôle aux frontières entre ces deux pays et les autres pays de l’Union européenne.