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L’Europe sera bien présente dans la campagne sur les élections présidentielles françaises. Elle s’invite dans le débat des primaires à gauche.
Arnaud Montebourg prône la « démondialisation », c'est-à-dire des protections aux frontières de l’Europe pour lutter contre la concurrence des pays émergents. Ce thème sous une forme atténuée est présent dans le projet des socialistes : imposer aux pays en développement des normes de production sociales et environnementales, taxer les produits qui ne les respectent pas. Martine Aubry parle de « juste échange », François Hollande de contribution carbone aux frontières. Ces questions ne peuvent pas être résolues au niveau national. Elles ne peuvent l’être qu’au niveau européen.
Autre sujet d’actualité européen : la crise de l’Euro et celle de la dette. Les socialistes mettent en avant la nécessité d’un gouvernement économique, de plus de régulation financière, de contrôle des banques. François Hollande est le plus précis des socialistes en demandant le défaut partiel de la Grèce aux dépends des banques, l’aide publique à leur recapitalisation, la séparation des banques de dépôt et banques d’affaire, la mise en place d’euro-obligations.
La crise de gouvernance de la zone Euro fait apparaître un autre débat : François Hollande évoque la nécessité d’un premier cercle, autour de la France et de l’Allemagne, qui définira sur quelles nouvelles politiques il faut avancer : règles fiscales et sociales communes, énergie, industrie. Martine Aubry parle de « confédération d’Etats-nations » pour désigner une avant-garde fédérale politique et économique.
Tous les socialistes souhaitent un renforcement du budget de l’Union européenne et une taxe sur les transactions financières.
On peut objecter aux socialistes que le volontarisme français ne suffira pas puisqu’il faudra convaincre des partenaires européens beaucoup plus libéraux et libre-échangistes, notamment l’Allemagne, les Pays-Bas, le Royaume-Uni.
D’autre part des sujets importants n’ont pas été abordés. Comment améliorer notre compétitivité ? Relancer l’économie ? Comment financer de grandes politiques européennes ? Sur de grands enjeux internationaux, ce que doivent faire ensemble les Européens n’a pas été défini : en matière de démographie, de migrations, de défense, de sécurité internationale, de développement des pays pauvres, de climat, de monnaies. La pédagogie de la mondialisation et de l’Europe ne fait que commencer.
Mais les réflexions sur l’Union européenne progressent à gauche. En Allemagne, comme en France et en Italie, les partis de la gauche social-démocrate, comme de la gauche écologiste, affirment vouloir relancer la construction européenne. Les socialistes européens ont travaillé sur des propositions communes. Les écologistes français et allemands travaillent ensemble à une plateforme. La crise de l’Euro rend la gauche plus fédéraliste.
Seuls six pays européens sur 27 sont actuellement gouvernés à gauche. Mais le Danemark en fait partie depuis peu. Et les perspectives de la gauche sont favorables en France, en Allemagne, en Italie. Si une avant-garde se dessine au sein de la zone Euro, la gauche pourrait y être majoritaire dès 2013. Ce serait une chance historique pour obtenir le saut qualitatif tant attendu vers une Union politique et économique plus fédérale.