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Au-delà des élections du Parlement européen, se profile la désignation du président de la Commission européenne. L’usage est que celui-ci est choisi dans le parti qui a gagné les élections au Parlement. Le traité de Lisbonne prévoit même que c’est le Parlement qui élit le président de la Commission.
Le Président actuel José Manuel Barroso est candidat. Il est favori tout en étant contesté.
Son bilan est médiocre :
- Aucun texte marquant, si ce n’est le bilan mitigé du paquet énergie-climat.
- Aucune initiative face à la mondialisation et la crise d’identité de l’Europe
- Passivité devant la crise financière et économique
- Difficultés du traité de Lisbonne
Il s’est distingué par son libéralisme et son alignement sur les Etats-Unis. C’est lui qui, en tant que premier ministre portugais, a organisé en 2003 le sommet des Açores pour soutenir la guerre en Irak. C’est lui aussi qui a couvert plus de 700 vols de présumés terroristes qui ont transité par le Portugal vers Guantanamo.
Il a fait preuve d’un manque total d’ambition pour l’Europe. Alors que le rôle de la Commission est fondamental pour proposer de nouvelles politiques, Barroso s’est signalé par le souci de moins légiférer et de ne pas contrarier les grands pays, se contentant de suivre les initiatives du Conseil des chefs d’états et de gouvernements.
La droite du Parlement soutient Barroso. Mais Nicolas Sarkozy et Angela Merkel sont réticents et d’autres candidatures apparaissent notamment celle de Jan Peter Balkenende, premier ministre néerlandais. Le PPE, Parti populaire européen, principal parti du Parlement, choisira son candidat en avril.
A gauche, les partis socialistes européens réunis à Madrid en décembre pour adopter leur programme, ont été incapables de s’entendre sur un candidat. Le Parti socialiste français soutient la candidature de Poul Nyrup Rasmussen, ancien premier ministre danois et président du Parti socialiste européen. Mais José Louis Zapatero, premier ministre espagnol, José Socrates, son homologue portugais, rejoint récemment par Gordon Brown ont déclaré soutenir la candidature de José Manuel Barroso.
Stop Barosso est le nom de la campagne lancée par Europe écologie. Daniel Cohn-Bendit souhaite sur ce thème un rassemblement des Verts, des libéraux, des socio-démocrates.
Le parti socialiste français s’y rallie mais pourra-t-il entraîner d’autres partis socialistes européens ?
Le MODEM fait aussi campagne sur le même thème mais est inégalement suivi par le groupe des libéraux auquel il appartient.
Les mouvements souverainistes et de la gauche radicale sont aussi anti-Barroso.
Les socialistes européens, par leurs divisions ont raté l’occasion de politiser les élections : que chaque parti dise qui est son candidat, ce qui ne peut que rendre lisible les élections et inciter les citoyens à voter.
Mais un rassemblement d’oppositions à Barroso peut faire renoncer le PPE à le désigner comme candidat. Un autre candidat de droite serait un moindre mal.
Autre possibilité : que la majorité du Parlement passe à gauche… improbable mais pas impossible.