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La Coordination SUD (Solidarité, Urgence, Développement) regroupe des ONG françaises de solidarité internationale. Elle fait partie d’une confédération européenne. Elle comprend quelque 130 organisations non gouvernementales, occidentales et des pays du Sud. Les plus connues sont ATD quart monde, le CCFD, la Fondation Abbé Pierre, Frères des hommes Médecins du monde, Oxfam France, le secours Catholique, Terre des hommes.
Coordination Sud a publié un manifeste dans la perspective des élections européennes.
Rappelons que les pays européens et l’Union européenne réunis constituent le premier contributeur mondial à l’aide publique au développement. En 2006 l’aide européenne, 48 milliards d’€, a constitué 57% de l’aide mondiale. La Commission en a géré 20%. 2/3 de cette aide sont constitués de dons. Mais cette aide souffre de nombreuses insuffisances. Selon le Comité d’aide au développement de l’OCDE, l’aide des pays de l’Union a reculé en 2007. La France a diminué son aide de 15%, à 6.4 milliards d’€, soit 0.39% du PIB.
D’autre part les pays pauvres sont affectés beaucoup plus gravement que les pays développés par la crise économique. Le constat en a été fait lors d’une récente conférence à Dar-es-Salaam : 48 pays risquent d’être en grande difficulté ce qui nécessiterait une aide de 138 milliards de $. Dominique Strauss-Kahn, à cette conférence, a fustigé l’égoïsme des pays riches. Pour le moment, le FMI cherche à réunir 25 milliards de $ pour secourir 22 pays à bas revenu. C’est 3.2% du plan de relance américain. C’est la moitié de l’aide supplémentaire promise aux pays pauvres par le G7, chaque année depuis 2005, et jamais honorée.
Le manifeste de la coordination SUD rappelle que l’Union européenne, en adoptant les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD), s’est engagée à lutter contre la pauvreté et les inégalités dans le monde.
Le manifeste demande notamment :
- que les Etats membres respectent les propositions de l’Union de porter leur aide à 0.51% du PIB en 2010 et 0.7% du PIB en 2015.
- que la Commission se justifie devant le Parlement européen de ne pas avoir suivi sa demande d’allouer 20 % de l’aide à la santé et à l’éducation primaire.
- que l’UE s’interdise d’utiliser l’aide pour promouvoir ses intérêts économiques ou géostratégiques, ou pour gérer ses flux migratoires.
Le manifeste demande à l’Union de mettre en place de nouveaux moyens de financement du développement : emprunt, taxe sur les transactions de change ou taxe sur le carbone.
Il demande que l’Union dégage des moyens pour promouvoir l’égalité hommes-femmes, aider à lutter contre les conséquences du réchauffement climatique. Il demande l’arrêt des importations d’agrocarburants.
Le manifeste demande aussi que l’Union obtienne une réforme de l’OMC pour que les pays développés puissent accorder des avantages commerciaux non réciproques aux pays pauvres, et que la PAC ne porte pas préjudice à leurs agricultures.
Toutes ses propositions sont conformes aux valeurs de l’Europe : une Europe solidaire, une Europe qui promeut une citoyenneté responsable en Europe et dans le monde, une Europe démocratique.
Nos futurs parlementaires pourront utilement s’en inspirer.