Les dernières prévisions économiques de la Commission européenne indiquent que l’Europe serait en train de sortir de la récession. Par contre l’assainissement du secteur financier n’est pas terminé. Quant aux chiffres de l’emploi, ils sont alarmants. Le rapport sur l’emploi de septembre 2009 de l’OCDE montre que les effectifs du chômage ont augmenté de 15 millions de personnes dans les pays développés depuis décembre 2007, dont 5 millions dans l’Union européenne. 10 millions de chômeurs supplémentaires sont attendus dans les mois qui viennent.
Sortir de la crise nécessite de maintenir un soutien à l’économie mais aussi de préparer un nouveau mode de développement soutenable. Il s’agit aussi de préparer l’après-crise en évitant de creuser encore les déficits publics et en limitant le gonflement des dettes publiques qu’il faudra bien un jour rembourser.
L’Union européenne a présenté le 1er octobre un plan pour sortir de la crise : abandonner progressivement les politiques de relance, réduire progressivement la dette des Etats, poursuivre les réformes du marché du travail et stimuler l’investissement. Il n’y a dans ce plan ni promotion d’un développement durable, ni calendrier, faute d’accord entre Européens.
De la même manière qu’il n’y a pas eu de véritable plan de relance européen, il n’y aura pas de plan européen de sortie de crise.
Les divergences sont en particulier criantes entre l’Allemagne et la France concernant la dette. L’Allemagne, qui aura en 2010 une dette publique de 79% de son PIB, prône sa réduction rapide. Elle a inscrit dans sa constitution, que le déficit public ne devra pas dépasser 0.35% du PIB à partir de 2016.
A l’opposé de cette conception, la France, dont la dette publique atteindra 86% de son PIB en 2010 annonce un nouveau grand emprunt de 10 à 20 milliards d’Euros.
Guy Verhofstadt est un ancien premier ministre belge. Il serait devenu président de la Commission en 2004 s’il n’y avait pas eu le veto des Anglais qui le trouvaient trop européen. Au printemps dernier, il a fait des propositions dans un livre « Sortir de la crise, comment l’Europe peut sauver le monde ».
Il y fustige notamment l’absence d’approche coordonnée des Européens en matière d’assainissement bancaire, de plan de relance et de sortie de crise. Il propose un « Europlan » consistant en un investissement de 3% du PIB européen dans les secteurs d’avenir : énergies renouvelables, industries sobres en CO², déplacements, vieillissement, réseaux de télécommunication, développement des pays pauvres.
Cet investissement massif serait financé par l’émission d’euro-obligations par la banque européenne d’investissement à hauteur de 1000 milliards d’€.
Une telle stratégie cumulerait les avantages. Elle serait commune aux européens et de ce fait efficace. Elle préparerait l’avenir. Elle créerait un marché obligataire européen capable d’attirer les investisseurs en Europe. Elle contribuerait à limiter le risque de bulle financière en mobilisant utilement des liquidités abondantes dans le monde
L’avenir dira qui a raison, du fédéraliste Guy Verhofstadt, volontariste et ambitieux, ou de nos responsables nationaux qui préfèrent le chacun pour soi.