Pour les Britanniques le Brexit est le résultat de leur sentiment insulaire, de l’érosion de l’image de l’UE sous l’effet de la presse à grand tirage et de manœuvres d’appareil internes au Parti conservateur. Il en a résulté une décision largement accidentelle, non assumée par ses promoteurs et qui sera certainement dommageable aux Britanniques comme aux autres Européens.
Dès le lendemain du référendum, les principaux promoteurs du Brexit désertaient: Nigel Farage a annoncé que certaines de ses principales promesses de campagne étaient tout simplement... fausses et a abandonné la présidence de l’UKIP ; Boris Johnson, pourtant favori, a renoncé à sa candidature au poste de 1er ministre, tout comme son faux ami Michael Gove. Jeremy Corbyn, leader du Parti travailliste, a perdu ce mardi après-midi un vote de confiance de son parti qui l’accuse de ne pas avoir assez fait campagne pour un maintien dans l’Union européenne. Finalement le Parlement choisissait comme premier ministre Theresa May qui a défendu le maintien dans l’UE. Il semble que nombreux sont les Britanniques à se rendre compte qu’ils ont joué avec le feu.
Pour les autres Européens y aura-t-il un effet de contagion ? Il semble au contraire que le Brexit a réveillé l’intérêt des citoyens pour l’Union européenne. Les prévisions de croissance ont été revues à la baisse par le FMI, aussi bien pour le Royaume-Uni que pour le reste de l’Europe. Le Marché unique aurait-il une utilité ? Pourquoi ces prévisions alors que le Brexit n’affecte ni la zone euro, ni l’Espace Schengen ?
Une enquête de l’IFOP, menée dans six grands pays européens, publiée par Le Monde le 16 juillet, montre un regain du sentiment pro-européen après le Brexit. Ces résultats confortent ceux de l’Eurobaromètre du 1er avril 2016, qui voit les sondés se prononcer massivement pour une implication accrue de l'Union dans toute une série de secteurs.
La balle est désormais entre les mains de nos chefs d’Etat qui, malgré leurs divisions, ont à établir une attitude commune et ferme vis-à-vis des Britanniques, et surtout à relancer l’Union par des initiatives sur la politique migratoire, la défense, la relance par l’investissement, le renforcement de la zone euro.
François Vié, président du ME62