L’Union européenne respecte les identités régionales. Elle est dotée d’une instance consultative, le « Comité européen des régions ». Elle reconnait les langues régionales. La gestion du fonds de cohésion a été confiée aux régions. Dans le passé L’Europe a vu avec bienveillance la division de la Tchécoslovaquie, les mouvements sécessionnistes en Slovénie, Croatie, Kosovo.
Doit-elle pour autant accepter l’indépendance de la Catalogne ?
L’idée d’une « Europe des régions » était présente dans les années 1990-2000. Mais les séparatismes de régions fragilisent les Etats, et la multiplication des Etats fragilise l’Union européenne. Ces revendications sont en outre porteuses de conflits. Qui imaginait que la première déclaration d’indépendance d’un pays yougoslave, celle de la Slovénie il y a 20 ans déboucherait sur une guerre civile en Europe ?
L’émergence de courants régionalistes réclamant autonomie ou indépendance amène l’Union à la prudence. Accepter des autonomies culturelles oui. Voir se fragiliser les Etats membres et l’Union elle-même, non.
L’Union est fondée sur le droit et le respect des valeurs de démocratie, d’Etat de droit, de respect des minorités. Elle défend avec difficulté le respect de l’Etat de droit en Pologne ou en Hongrie. Autant les processus de demande d’autonomie de la Vénétie- Lombardie ou de l’Ecosse sont acceptables parce qu’ils respectent les constitutions nationales, autant celui de la Catalogne ne l’est pas, car illégal au regard de la constitution espagnole.
Plus profondément, la construction européenne vise à rassembler les Européens et à assurer leur solidarité. Cette solidarité unit les Etats, mais aussi les régions comme en témoigne la politique régionale qui aide les régions défavorisées à rattraper le niveau moyen de développement européen, et à laquelle est consacré un tiers du budget européen. Les revendications d’autonomie ou d’indépendance sont en général le fait de régions riches qui refusent de partager leur prospérité avec les autres régions de leur Etat. Elles se déclarent pro-européennes, car elles voient l’Union européenne comme une protection contre leur Etat, ainsi que sur les plans international et monétaire. Mais l’Union doit leur rappeler qu’en tant que régions riches, si elles devenaient indépendantes, elles devraient contribuer à la solidarité avec les régions pauvres, et, dans le cadre du budget de l’Union, à toutes les politiques communes.
L’Union européenne respecte la diversité, mais ne peut admettre les revendications d’autonomie ou d’indépendance que dans un cadre légal. Les élections en Catalogne, prévues le 21 décembre, en donnent la possibilité.
François Vié, président du ME62