Février 2018
Le Forum économique mondial de Davos a été précédé par la publication d’un rapport de l’ONG OXFAM. Son principal constat : « 82 % des richesses créées dans le monde l’année dernière ont bénéficié aux 1% les plus riches de la planète, alors que la situation n’a pas évolué pour les 50 % les plus pauvres »
Cette alerte concerne l’Europe, bien que les inégalités y soient moindres que sur les autres continents. La croissance inégalitaire mondiale laisse de côté les classes moyennes et explique partiellement la montée des populismes, danger politique majeur pour l’Union européenne.
Le Forum, a été marqué par la présence des chefs d’Etat et de gouvernement européens et leur discours commun. Le roi Felipe d’Espagne, le premier ministre italien Paolo Gentiloni, Angela Merkel, Emmanuel Macron, mercredi, et avant eux les premiers ministres portugais et néerlandais, ont tous fait état du retour de l’Europe, et ont donné une vision européenne de la mondialisation. La meilleure santé de la zone euro leur permet d’être entendus par les milieux économiques. Les Européens veulent poursuivre la mondialisation tout en la corrigeant : la rendre plus inclusive, réduire les inégalités, retrouver une gouvernance multilatérale.
Angela Merkel a souhaité que l’Europe devienne plus forte «de façon à exprimer une véritable puissance face à la Chine et aux États-Unis et développer une capacité d'action pour l'aide à l'Afrique». Emmanuel Macron, comme OXFAM, stigmatise les inégalités au profit de 1 % de la population «Il faut retrouver une grammaire des biens communs et une régulation mondiale en matière d'écologie, de santé, d'éducation et de formation. Sinon, dans cinq ou dix ans, les nationalismes l'emporteront partout» Les Européens sont disponibles : pour Paolo Gentolini « Il faut relancer l’Europe pour qu’elle ait un rôle géopolitique dans la région et dans le monde. S’il y a un vide à combler, l’Europe le comblera »
Seront-ils entendus par les acteurs économiques et gouvernementaux mondiaux ? Certainement pas par Donald Trump, qui plaide pour l’égoïsme national. Peut-être par les grands groupes numériques mondiaux qui sentent monter les critiques contre leur optimisation fiscale, détournement de données personnelles, intrusions dans les élections ou fausses nouvelles.
Enrico Letta, ancien premier ministre italien et président de l’Institut Jacques Delors, le pense : l’Europe peut être influente dans le monde en faisant valoir l’attractivité de ses valeurs.
François Vié, président du ME62